ils avaient, dans leur regard, la lueur des enfants déchus.
en eux, la gloire d'un passé bâtard.
d'un père s'en est allé, le bonheur arraché aux barreaux d'un lit mal monté. s'en sont arraché des larmes, des cris, jamais des rires au détour d'une histoire à s'raconter avant de filer au lit.
des bouffons placés dans l'enfer parfait.
d'une mère ont les effluves et les relents d'un alcool pitoyablement avalé. les hurlements à s'en faire saigner tympans et grincer des dents.
ont grandi dans la misère, des nectars comme doctrine. dans leur crâne ont a gravé l'ignorance. les voisins les ont souvent gardés. et puis, elle, elle a jamais fait que hurler.
étaient pas assez bien, ses bambins, les a lâchement réduits au rang d'merde qu'on cache sous le tapis, l'soir où l'amant rend visite.
maltraités et insultés, fallait y remédier.

your mom
will never change,
run away.

elle a appris, comme c'était bon de s'envoler. à voler la caisse un peu abîmée de maman pour s'offrir un goût de vie, de liberté. seize ans pour goûter à la vie qu'ils auraient dû connaître depuis les premières larmes.
zed au volant, a plus jamais existé comme avant.
santa barbara comme renaissance, à la vie adorée, il s'est trimé pour avoir ces planches délabrées. mais ça lui convenait. parce que la vie à deux n'a jamais été plus jolie que quand elle était partie. parce qu'ils ont plus jamais donné naissance à une parole envers la matriarche, et que ça allait, dans ce sens.
jolie. à voir la vie en rose, avec des tâches de noir qui s'évaporent. oublie comme c'était merdique, avant de poser les pieds dans un chez eux plus coloré.
elle a le mot heureux facile sur la langue.
ses lèvres racontent comme elle se sent bien, dans cette ville aux allures de paradis. comme elle se sent bien, auprès d'un frère qui s'donne en mille pour lui offrir la seule vie correcte qu'elle mérite.
s'bute à la tâche. et elle essaie d'suivre le mouvement désordonné.

zed et la gratitude qu'elle lui porte à l'infini.

frère comme bouée de sauvetage dans ce marécage à lui bouffer veines et chair.
s'ose à l'amnésie d'un passé qu'elle veut plus en vie. s'entiche de cette vie qu'elle adore. enchaîne les petits emplois à la suite, modèle d'un frère qui traîne pourtant dans l'mauvais.
substances en adoration.
mais c'est pas un mal, parce qu'elle se l'dit, que ça vaut l'coup d'essayer. parce qu'elle est son antipode, beauté si douce, docile tendresse, de l'humain elle veut en connaître la moindre faille.
voit les choses en grand, rêve les choses en immense.
lui propose ce boulot au musée, et elle, elle s'empiffre de ses idéaux, de son imaginaire bien réel. les pieds sur terre et pourtant la tête dans les rêves.
elle sait, comme l'existence est lourde, dans un goût âcre de compliqué.
mais pour lui, elle ira réussir, pour un coup d'fierté et un coup d'bonheur à savoir lui donner, lui, le pantin tout cassé.

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